La pointe, sèche et glissante, métal à l’encre, fantastique et sans limite.

La pointe, sèche et glissante, métal à l’encre, fantastique et sans limite.

Elle trace des corps, plutôt vivants. Certains le sont à nouveau.

Des corps-bêtes, dansants, féconds, grotesques, liés, détendus, des corps en vrille, en chemin, en suspension, en métamorphose…

Le filet embrasse un corps qui n’a pu être enterré. La terre est gelée, infranchissable. Les âmes des morts errent dans ce temps qu’est le carnaval, monde inversé. Temps hors du temps. Traces du losange répété sur la peau, l’arlequin naît.

Des lunes méditées, elles sont pleines, en croissant, décroissantes, changeantes et fécondantes. Des lunes, phases, faces, fesses, elles rythment le temps, les nuits, les humeurs, les folies. Elle a raison la lune. Conscience. Facéties…

Des masques qui en disent plus sur eux, des figures doubles, du noir au blanc, du blanc au noir. Cela ne fait qu’un, et c’est tellement.

L’ombre et la lumière se mangent l’un l’autre. C’est toute la mort qui vient donner la vie.

De graines germées, à l’oeil germant, le doigt pointe le pet de l’ours, soleil de printemps, bouchon anal qui vient exténuer l’hiver et chanter la renaissance printanière. C’est la vie qui vient tirer la langue à la mort. La lune est alors nouvelle. Nuit noire.

Les corps s’échangent. Animal, végétal, humain. Ils s’échangent et se fondent, se confondent, s’ouvrent au cosmos. Les limites ne sont plus. Expansion, comme l’univers, l’esprit. Les pensées vont là où elles ne savent pas, les énergies traversent la peau, les idées fusent et rayonnent.

Du rythme, de la musicalité, de l’évaporation, de l’oeil qui invente le temps suivant, vient retirer l’immobilité d’une image, et danse en symbiose avec les lignes.

Labyrinthe pour ventre, main accouchées d’un nombril, d’ un corps en naît un autre. Les ouvertures au monde inspirent et expirent. Souffle.

Chouette sur crâne recouvert, sagesse de l’âme vibre.

Tête sur ventre, en bascule, ça jongle d’identités. Lâcher-prise et vol plané. Des mains en marge s’introduisent.

L’un pond des oeufs en jetant des yeux, un autre scrute l’intérieur de son corps, suit le sang dans les veines, voyage dans ses entrailles. Puis certains jouissent et sèment leur vie sous terre, vers des êtres qui muent.

Perdre ses écailles, renouveler sa peau, et recommencer éternellement.

Plumes, livre, échelle, serpent, roue…

Branches, sperme, cercle, lait, écailles, voix, graines…

Agnès DUBART

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