1993, acrylique sur toile, 55x46cm
L’«Intérieur aux bananes» de Nicolaï ne peut qu’intriguer.
A la première lecture, le régime de bananes éclatantes, au jaune pimpant, éclairé de deux lampes verticales bleues, se perçoit comme une nature morte dans la tradition du Pop art américain et de la figuration narrative française. Le spectateur semble contempler une composition symétrique et hyperréaliste de fruits, peinte à l’acrylique, dans une cuisine à la teinte grise et froide.
Mais en continuant d’examiner cette belle image lisse et structurée, la curiosité s’éveille. Il est difficile de désigner clairement ce qui la suscite. Peut-être est-ce le fond de la toile qui évoque davantage le béton qu’une cuisine high‐tech? Ou l’idée de personnification des objets qui s’immisce petit à petit? L’allégorie humaine n’est jamais loin dans les tableaux de Nicolaï. En effet, si l’artiste ne se penche jamais sur la figuration humaine, il ne cesse de l’évoquer au travers de son oeuvre. Les bananes ne peuvent-elles pas représenter des corps enchevêtrés ? Dans ce cas, que signifie cette opposition entre leur souplesse et, la géométrie stricte des lampes ? Ce détournement cependant offre autant d’interprétations que de regards. En effet, l’«Intérieur aux bananes » de Nicolaï est un livre pictural au travers duquel chacun tisse sa propre histoire.
Anne-Laure CHANEY
Le site de l’artiste : http://www.nicolai-bigo.com/