Féminité de carton
Le théâtre des sculptures de Lisbeth Delisle
Lisbeth DELISLE, sculpteur
Rire sous cape
Carton peint
2010
h. 172 x 54 cm x 172
Déambulant dans les couloirs de la dernière édition de Lille Art Fair, prête à saturer mes yeux d’images, mon regard s’arrête sur une grande statue, postée au carrefour de différents couloirs du salon. Elle a l’air d’attendre son spectateur.
Une rencontre en somme.
«Le charme un peu tristes des choses fanées.» Les mots du Journal de Jules Renard me reviennent à l’esprit. Peut-être est-ce la technique utilisée? La sculpture en carton, véritable prose de matière aux couleurs surannées, à expression à peine esquissée. Peut-être est ce geste de minauderie, sorte d’élégance un peu désuète? Cette manière si pudique et si féminine de «rire sous cape.» Le sculpteur a saisi en volume ce mouvement de vie fragile et subtil. Elle façonne avec le carton un instant éphémère de féminité. Peut-être est-ce aussi le costume que j’imagine sur cet autre personnage du théâtre des sculptures de Lisbeth Delisle: une coupe presque démodée, un chemisier sage entre le bleu et le gris et une longue jupe rétro. Tout est à peine suggéré. La figuration est si légère, si poétique. Le rythme de la matière est doux. Un lyrisme discret et vibrant d’une belle œuvre.
Anne-Laure CHANEY, pour la Galerie Collégiale-Lille
Mai 2013
https://www.collegialedesarts.fr/
Crédit photo: Laure DELACLOCHE, mars 2013